Dimanche 21 Mars

Publié le par ostinato

Dimanche 21 Mars fut une journée singulière.

. 1994, je suis Lycéen en section Littéraire option Théâtre /Espagnol. J'apprends le théâtre, sa vie son oeuvre, Des fois je vais au Théâtre, Jusqu'ici tout va bien. Cette fois ci je vais voir "L'homme Qui" adaptation théâtrale de l'ouvrage du neurologue romantique britannique Oliver Sacks,"L'homme qui prenait sa femme pour un Chapeau". La Mise en Scène et l'adaptation est signé de Mr Peter Brook. On compte dans la distribution David Bennett, qui avait notamment joué dans le film le Tambour, Maurice Bénichou que vous avez peut être apercu dans le Amélie Poulain, Sotigui Kouyate, ancien capitaine de l'équipe de Football du Burkina Faso et Yoshi Oida. L'ouvrage décrivait des affectations neurologiques remarquables puisqu'on on y rencontre entre autre un patient qui prenait réellement sa femme pour un chapeau. Le plus étrange étant que le patient était par ailleurs doté de toutes ses fonctions cognitives hormis ce souci d'agnosie visuelle .( pour vous expliquer ce qu'est l'agnosie visuelle faisons la comparaison avec ce jeu auquel vous avez surement joue de reconstituer un mot apartir de quelques lettres . Vous avez les lettres G U HE. A partir de ce que vous connaissez vous écrivez le mot GAUCHE . Vous pourriez écrire le mot GRUCHE ou tant d'autres mais vous alllez à celui qui vous parait le plus plausible. L'agnosie visuelle c'est la même chose avec des images. Le cerveau ne recoit qu'une partie des infos et va tenter inconsciemment de les recoller à quelque chose qui lui est connu, au point de confondre un individu avec un chapeau)

Peter Brook a choisi un décor simple, constitué d'une petite estrade sur laquelle se trouve une table, des chaises une télé, et une petite caméra. Les acteurs viennent du jardin et de la cour, passent d'une scène à l'autre en échangeant le rôle de patient avec celui de praticien ou d'infirmier simplement en enfilant une blouse au vu et au su des spectateurs. un musicien Mahmoud Tabrizi Zadeh est situé un peu en recul de la scène avec un instrument traditionnel iranien. je pourrais vous parler de la pièce de cette façon classique qu' affectionnait mes enseignants; Décrivez décors, costumes, texte, mise en espace. Tout çà tout çà.

 Ce qui m'intéresse plus c'est ce que cela a produit . La pièce se termine au bout d'une heure et demie de représentation. Les gens applaudissent, à Rennes les gens sont civilisés. Je frappe moi aussi la paume de mes mains l'une contre l'autre. Puis je m'arrête. Frappé. Je viens de réaliser que quelque chose s'est produit, en moi.

 

 A un moment dans la pièce nous arrivons au cas d'un patient joué par Yoshi Oida atteint de héminégligence gauche. Il ne percoit rien de ce qui se passe sur son côté gauche. Il ne rase que la partie gauche de son visage. Pour lui faire prendre conscience de son affection le médecin décide de le filmer puis  de lui projeter les images. L'instant précis ou il prend conscience de son état, ce qu'il y avait dans le regard de ce personnage se rendant  compte de ce qu'il était, je crois que je ne m'en suis pas remis. Parce que j'ai enfin compris que le théâtre ce n'est pas réciter du texte et déployer un splendide décor . Le théâtre c'est faire saisir ce qu'il y a d'irrémédiable dans l'humain. Le théâtre c'est tout simplement mettre deux personnes en face l'un de l'autre et saisir cette rencontre.

  

          Je pourrais vous raconter ensuite ma rencontre avec Peter Brook.metteur en Scène de théâtre né le 21 Mars 1925. Mais je vous garde çà pour un article sur ma carrière de Critique Dramatique. Juste vous dire que je garde une vieile dette pour ce monsieur qui a aujourd'hui 85 ans et que je l'honore en ayant une pensée pour lui tous les ans à son anniversaire et en essayant d'être le plus disponible qui soit à l'innatendu.

Publié dans Panthéon Personnel

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S
<br /> <br /> et merci pourla newsletitbe elle était bien croustillante<br /> <br /> <br /> <br />
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O
<br /> <br /> Etrange coïncidence que tu cites ce livre d'Oliver Sacks, Ostinato. Je me promets depuis longtemps de le lire, mais ayant remis cette lecture à plus tard à plusieurs reprises, je n'arrive plus à<br /> remettre la main sur le volume, va falloir que je me décide à le racheter s'il est encore dispo. Mais c'est étrange pour une autre raison encore, et je préfère ne pas en parler<br /> maintenant, au moment d'aller me coucher, pour ne pas augmenter les risques de cauchemarder....<br /> <br /> <br /> <br />
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